Le
journal manuscrit n'a pas encore pu être trouvé, l'original
aurait appartenu en 1870 à M. de Labeyrie, chef de division au
ministère des finances et membre correspondant de la Société
historique de Gascogne. Il a été fait mention de plusieurs
copies difficilement localisables elles aussi. Exceptionnellement voici
donc ci-dessous des extraits de l'ouvrage imprimé en 2007
d'après l'édition de 1863 et concernant les seuls
événements climatiques et naturels . NDLR
En ladite
année 1639, le temps était si fort et
si chaud que les raisins se brûlèrent par les vignes ;
la barrique de vin se vendait au mois d'août 24 liv. Il y demeura
grande quantité de vin vieux, mais il y en eut fort peu de nouveau
en cette année 1639. La barrique de vin se vendait du commencement
à 24 liv., et à Noël la barrique de vin valait 30
liv. ; tout le monde criait la rareté du vin. La mesure de froment
se vendait 20 s., mesure blé à 15 s.
Le 19 avril 1641
il y eut une grande gelée qui fit un grand dommage aux vins,
mais il n'y eut pas autant de mal qu'on le croyait.
En février 1643,
il y eut un grand débordement des rivières qui emporta
tous les ponts de Bayonne et fit grand domage. En ce temps, un marchand
bladier de campagne qui venait du marché de Montaut, fut tué
par des gens inconnus qu'on n'a jamais seu trouver. Mesure de blé
valait pour lors 38 s.
A l'avril 1644.
il fit forte grêle qui emporta une partie du vin en Doazit. Au
1er juin 1644, mesure de froment 3 liv. 5 s., mesure de blé 52
s., mesure de millet 45 s. et s'y passait de la grande faim ; mais il
s'y trouvait du grain à vendre avec argent.
Le 29 de juillet 1644, fit
grandement grêle pour tout Doazit qui emporta casi tout le vin
en Doazit et en quelque autres lieux. Alors barrique de vin valait 12
liv. et ne s'en vendit plus de toute cette année.
En septembre 1646,
il plut fort toute la vendange, tellement qu'il fit fort mal amasser
le vin et le millet ; il n'y eut que peu de millet et était fort
mauvais ; il y eut assez de vin. Le bois de barrique valait 4 liv.,
mesure de froment 24 s., barrique de vin 14 liv.
Le 26 juin 1649, il fit un
grand et gros chaud, tellement qu'il y mourut plusieurs personnes et
bétail
haut
de page
Le 17 août 1651,
le Gave d’Orthez devint fort grand et si haut qu’il passait
par dessus le pont d’Orthez et rompit les murailles du dessus
ledit pont et emporta plusieurs personnes et maisons et meubles et fruits,
tellement que jamais homme vivant ne l’avait pas jamais vu si
grand, ni qui eut fait un si grand dommage; il emporta moulins, terres,
arbres, tellement qu’il fit un incroyable dommage. Un homme de
Sainte-Suzanne nommé Grassion du Capdan, m’a dit et assuré
qu’il était à Orthez pour lors, et qu’il voyait
que la Gave emportait 14 barriques de vin l’une après l’autre.
A la fin août 1651, une barrique de vin valait 35 livres et n’en
y demeura pas une seule barrique du vieux à vendre.
En juin 1652,
le temps était fort humide et pluvieux, qu'à peine fit-on
le millet. Le 11 juillet 1652, il fit grèle à Saint-Cricq
et la pluie dura vingt-deux jours sans faire un beau jour. Alors le
froment était presque coupé par les champs, tellement
que ladite pluie le gâta et le fit pourrir. Tellement qu'il n'y
eut pas fort de froment, il ne valait pas guères, tellement que
tout le monde criait la faim. Nous sommes à la grande faim ce
qui ne manqua pas, car le grain haussa tout à coup. Mesure de
froment valait 3 liv., mesure de, blé 50 s., barrique de vin
18 liv.
Le 15 dudit juillet 1653,
le gabe d’Hourthèz est devenu fort grand, il est passé
par desus le pont d’Orthez et a fait de grands dommages au pont
d’Orthez et aux maisons de la rue des Augustins; il y avait aygue
plus haut que la hauteur d’un homme, et on boyait passer les bros
chargés de gerbes de froment capbat le Gabe. Il a rompu le bout
du pont d’Orthez; il est allé aussi haut comme il avait
fait en l’an 1651, et ce coup a fait plus grand dommage; il est
monté jusqu’au pourtal de Baure, cette fois-ci, tellement
qu’il a fait fort grand dommage au froment qui estait au long
du Gave, il demeura l’espace de vingt heures que aucun ne pouvait
passer par dessus le pont d’Orthez.
Mais le 3 mai 1654,
il fit grêle à Doazit et à Saint-Cricq et à
plusieurs autres endroits qui fit fort grand dommage ; mais pour cela
le bin n'enchérit point, et le grain devint à meilleur
compte ; car, au 1er juillet 1651, la barrique de vin estant à
24 liv., mesure de froment à 50 s., mesure de blé à
36 s., mesure millet à 32 s. Le temps était fort pluvieux,
mais il n'y avait point de guerre en ce pays, ni de maladie. Loué
soit Dieu !
Ors, bous
faut savoir que au mois de juillet 1654, il arriva
une nouvelle fort affigeante, disant que le 12 août 1654 il adviendrait
une grande obscurité et que le soleil serait éclipsé
l'espace de trois heures. L'armanach en parle et nous menace de grands
dangers. De Paris et aussi de Bordeaux est venu l'arrêt disant
qu'il y a un prophète en la ville de Paoun (ou Laoun ) en Allemagne,
lequel a prophétisé depuis vingt-huit ans et que ce qu'il
a dit est casi tout arrivé ; il se nomme Andréas. Ces
noubelles sont dans tout le pays et je vous assure que tout le monde
a grand peur et appréhension. Le prophète (dit) qu'il
se craint que Dieu fera jugement ce jour ou qu'il le fera dans deux
ans. Le bon Dieu nous veuille nous préserver et nous faire la
grâce de mourir dans sa sainte grâce et nous préserver
de tout mauvais danger dont nous sommes menacés. Car les uns
disent que ce jour fera de grands vents et tonnerre , d'autres disent
que tout l'air sera pestiféré, d'autres se craignent qu'il
mourra grande quantité de monde et bétail, d'autres disent
que nous serons accablés de guerres comme déjà
elle est commencée ; d'autres disent que nous serons attaqués
de religion contraire ; d'autres disent que nous sentirons ce jour une
grande frayeur ; d'autres disent que la terre fera ouverture en quelques
endroits à cause du grand benin de ce jour, tout le monde en
parle aussi avec grande crainte. J'entends déjà on a fait
partout probision d'oint pour ce jour, comme aussi d'herbes et de fruitage,
afin d'empêcher le benin de ce jour. Je ne sais ce qu'il en adviendra
; j'en remets tout à la boulounté de Dieu, et lui prie
qu'il nous beuille à tous faire pardon et miséricorde
et que sa sainte boulounté soit faite ; mettons-nous tous en
sa sainte garde et ne perdons pas courage, car le bon Dieu est tout
puissant pour remédier à tout danger. A donc étant
à la honzième jour d'août, beille dudit jour de
l'éclipse, tout le monde redoute cette éclipse, tous font
provision pour trois jours d'oint, d'herbes et de fruits, comme nous
l'avons dit ; tout le peuple prie Dieu en attendant sa sainte boulounté.
(...) Et environ les neuf heures, une brume s'est mise en l'air et le
soleil a commencé à s'esclipser et a esclipsé environ
la moitié du cousté du nord, mais dans peu de temps le
soleil se remit en son entier et le temps a été aussi
beau comme auparavant, grâces à Dieu, sans aucun accident
que l'on sache.
haut
de page
Je vous assure
que pour lors le temps était fort chaud, car depuis environ St-Jean
n'a point plu, et en tout ce pays le millet est quasi perdu et plusieurs
arbres sont déjà mourts. Le paubre peuble ne peut guères
trabailler à cause du grand chaud. La barrique de bin baut 24
liv. ; c'est à savoir le bon, car il y en a grande quantité
de pourri. La mesure de froment baut 33 s.
Et estant
en mars 1655, le bon temps continua, grâces à
Dieu, car la barrique de vin est à 20 liv., mesure de froment
à 20 s., mesure de blé à 16 s., mesure de millet
estait à 16 s. (...) Et estant à la fin de mars, il fit
quelques gelées qui firent beaucoup de mal aux lieux bas, en
plusieurs endroits, mais pour ce le bin n'enchérit point. Mais
le 14 avril 1655, il fit une grande gelée qui fit grand mal aux
lieux bas partout le pays, et le bin enchérit un peu, car au
20 d'avril la barrique de bin balait 28 liv., mesure de froment 32 s.,
mesure blé 20 s., mesure millet 16 s.
au 28 aoust
1655, il a grelé à Poyalé et en Doazit et à
Castelnau de Bas, et grand dommage tout a fait.
Et étant
au commencement de décembre 1655, il a fait une grande tourrade
l'espace de huit jours.
Et estant
au 20 may 1657, jour de la Pentecouste, il fit grêle
en plusieurs endroits, et entr'autres lieux il en a fait au bourg, de
St-Cricq et a emporté casi tout le bin et aussi a fait grand
domage au froment. Ces pauvres gens de St-Cricq sont fort affligés
à cause de la perte de leurs fruits. Dieu par sa sainte grâce
les veuille réparer !
Mais estant
au commencement de noubembre, audit an 1657, il se commença une
pluie qui continua fort longtemps, et qui fut cause que l'on eut bien
de la peine à semer le froment, car la pluie continuait casi
toujours, dont le froment se fit fort mal.
Et estant
au 15 janvier de l'an 1658, il se commença un
temps fort terrible, savoir pluie, bens, neige et de grandes tourrades
si fortes que le bin glaçait dans le berre, et ce temps continua
encore longtemps, car estant au 15 février dudit an 1658, il
tomba grande quantité de neige, tellement que on disait que longtemps
n'y avait pas eu autant de neige en une fois. Mais à moi me subien
comme estant homme en âge, que en l'an 1615, en semblable temps,
au mois de février, qu'il y abait une grande neige, plus grande
que n'est celle du présent, donc il fait à présent
43 ans, mais elle ne fit pas grand mal ni aux fruits ni aux arbres,
grâces à Dieu ; mais du depuis, en l'an 1629, le jour de
Noel et environ ces jours dont il y a eu la Noël dernier passé
28 ans. C'est pour lors que je puis vous dire qu'il tomba de grandes
neiges et fit de grandes et si fortes tourrades qu'il fit mourir grandes
quantités de bignes et d'arbres casi par tout le pays. Les figuiers
et lauriers moururent tous autant qu'il en parut sur la terre. Mais
du despuis ledit an 1629 il n'y avait pas eu si grandes neiges ni si
grandes tourrades qu'il fait à présent. Je ne saurais
encore dire si ces effets auront fait mal aux fruits. Au reste le temps
est fort bon et les fruits à boun coumpte, mais il y a grandement
manque d'argent, et à présent la barrique de bin se vend
à 12 liv., mesure de froment 20 s., mesure de blé 12 s.,
mesure de millet 10 s. grâces à Dieu ; mais il n'y a pas
grand mal au bignes, sinon en quelques lieux bas, mais pour les figuiers
et lauriers en mourut grande quantité.
haut
de page
Estant au
commencement du mois de décembre 1659, on parla
de rabaler l'or et l'argent, ce qui ne fut pas fait, mais cette descride
d'argent et le mauvais temps que fit cette saison, fut cause que le
grain et le bin haussa un peu, comme nous dirons ci-après, car
le 11ème dudit décembre il commença une pluie continuelle
qui dura quatre jours sans cesser ; mais le 15 dudit décembre,
et quelques jours tout de suite, tomba grande quantité de neige
et fesait grand froid et grande tourrade, en telle sorte que depuis
ledit 15 décembre jusques durant vingt-quatre jours, il y avait
24 tourrades l'une sur l'autre, et fort grandes et profondes, tellement
que longtemps y a on n'avait point eu si grand froid, mais ladite neige
dura sur la terre l'espace de 60 jours, et y mourut fort de bétail
tant grand que menu, et tous les chevaux moururent. Alors la barrique
de bin balait sur le tin 22 liv. mesure de froment à Mugron balait
42 s., et pour lors, fesait fort mal bouyager, tant à pied qu'à
cheval. Ce fut au temps de cette grande froidure, que M. de Justes d'Espaunic,
archiprestre de Doazit tomba malade et mourut, car le mal le prend le
15 décembre de l'an 1659, et mourut, à ce qu'on m'a dit,
le 10 janvier de l'an 1660. Ceste et grande et longue neige causa fort
le tardibement des trabails, et comme nous abons dit, il y mourut grande
quantité du bétail tant du grand que du menu, surtout
à Lannegrand en mourut fort, mais il ne pleut depuis le commencement
de ladite neige jusqu'en mars. Mais le froid fit grand mal en quelques
endroits, aux bignes basses, et le 5 mars 1660, il tomba à Doazit
et en d'autres endroits grande quantité de grêle grosse
comme de gros noix, mais il ne fit point de mal à cause que les
fruits n'étaient point encore en apparence. Alors la barrique
de bin balait 26 liv., mesure de froment 42 s., mesure de blé
30 s., mesure de millet 31 s.
Et estant
au 21 juin 1660, il arriba à Doazit, et généralement
par toute la Chalosse et embirons, un peu abant le soleil lebé,
un grand tremblement de terre, tellement que tout le monde qui estaient
dans les maisons avaient une grande peur, car toutes les maisons tremblaient
; mais, grâces à Dieu, en ce pays, je n'ai pas entendu
dire que personne eût aucun mal. J'était ce jour-là
à Serres et à Hagetmau où j'entendais partout crier
le puble qui estait dans les maisons, disant qu'ils avaient eu grande
peur que les maisons leur tombassent dessus ; pour moi, je n'en eus
aucune connaissance, grâces à Dieu. Mais hélas !
Je me crois que noustre bon Dieu soit irrité contre nous à
cause de nos péchés ; mais hélas, fesons la paix
avec Dieu, s'il est possible, bibons mieux que nous n'abons pas fait
le temps passé. Hélas ! Hélas ! faisons tous pénitence
car Dieu est courroucé contre nous. Dieu nous menace, nous approchons
de la mort, elle nous arribera à l'heure où nous y penserons
le moins. Je me crains que nous serons alors mal disposés. Ah
! Mettons tous la main à l'œuvre, faisons donc pénitence,
et bibons comme nous voudrions avoir biscu à l'heure de noustre
mourt, et ayons bonne espérance en Dieu.
On m'a assuré qu'à
Bagnères a fait grand dommage, le tremblement de terre, et a
duré audit Bagnères l'espace de huit jours au plus ; il
y est tombé audit Bagnères quantité de maisons
et murailles, et y est mort grand nombre de personnes, et les habitants
ont casi tous quitté la ville, de peur de mourir, et les capucins
ont aussi quitté leur conban et ont dressé un autel dans
leur jardin auprès de leur fontaine ; les montagnes dudit lieu
sautaient haut en bas, et se sont enfoncé, lesdites montagnes,
de en bas deplus de dix piques à ce qu'on m'a dit, et les fontaines
se sont changées en couleur de sang, et plusieurs autres ont
perdu leurs sources, en telle fayçon que ceux de Bagnères
ont couché plusieurs nuits par les bignes et campagnes. Je prie
au bon Dieu qu'il lui plaise nous donner sa sainte bénédiction,
et nous préserber de mourt subite ! Ainsi soit. Jésus
Maria.
Et estant au 3 juillet 1660,
il a grelé en plusieurs endroits savoir à Brassempoy,
au Gaujeac, à Castelsarrazin à Bastennes et à Donzacq,
et en plusieurs autres paroisses aux environs, et y a tout à
fait grand mal, mais à Doazit n'a pas fait grand mal noutable,
grâces à Dieu.
Et le 24 aoust, jour de saint
Barthélemy, il tomba grêle en plusieurs endroits, et ent'autres
lieux, aux environs du bout du bourg de Doazit fit grand mal.
Et estant au 29 dudit noubembre
1660, il tomba grande quantité de neige et fesait grand froid,
et le 7 de décembre dudit an 1660 il tomba aussi grande quantité
de neige, mais ni l'une ni l'autre ne demeura pas guères sur
la terre. Mais ce mauvais temps causa que le froment ne put pas sortir
de longtemps comme nous avons dit.
haut
de page
Et le 16 dudit avril 1662,
il tomba grande quantité de grêle en plusieurs endroits,
et surtout fit grand mal à Bergoey, à Labasquère,
à Joanborde, et passe vers l'ou plan à Gaucharret, à
Meylis, et fit aussi grand mal. Faut nouter que outre cela, aux vignes,
partout, généralement partout il n'y avait que fort peu
de raisin, de façon qu'on commença à crier partout
qu'il n'y aurait pas cette année que fort peu de bin. Et estant
au 15 mai 1662, la barrique de bin se bendait tout comptant 30 liv.
sur le tain et la mesure de froment 45 s., mesure de blé 28 s.,
mesure de millet 20 s.
Je bous beux à présent
parler de loups qui ont fait grands dommages en ce pays depuis le mois
de septembre dernier passé, car d'ordinaire. et casi tous les
jours, on boet (voit) des loups en les paroisses d'environ
du Lous, et ont déjà fait de grands ravages depuis Castelnau
jusques à Cerreslous, et ont mangé ou tué des chebals
et baches, brebis et chèvres et oies, et entr'autres choses ont
tué un cheval qui estait d'Eyliot de Doazit, l'ayant trouvé
sur le bout de la lande appelée de la Hourque ; ce fut le cinquième
jour de janvier 1663, mais le plus gros de deux loups
y est demeuré, car le 8 dudit janvier 1663, un homme de Poyalé,
de la maison du Lon, lui lâcha un coup de serpe dont lui fit une
grande blessure sur le dos, puis un autre homme dudit Poyalé
lui lâcha un coup de fusil, et alors lui donnèrent la chasse
et le firent mourir à Malabat ; et audit juillet 1663, les loups
ont tué et mangé tout une cabale de M. Justes d'Espaunic,
et dans la métairie de Gauchard de nuit.
Et estant au commencement
de fébrier 1663, il faisait grandement froid, et estant au 13
du fébrier, il tomba grande quantité de neige, tellement
qu'il y en abait jusque à la hauteur d'une grousse coudée
et encore plus. Il faisait grandissime froid ; ce fut alors que M. de
Banos (*) mourut et s'enterra le jour de la plus grandes neige qui était
le jeudi 22 dudit fébrier 1663.
Cette neige dura quinze jours, et enfin elle en sourtit à cause
qu'il fit une grosse pluie, et alors il y avait par les chemins si grande
abondance d'eau et de neige tout en coup, qu'il n'y avait personne qui
pouvait marcher ; car, le 24 dudit fébrier, jour de Saint-Mathias,
moi-même et la plus part de nouste famille pensaient à
aller à la messe au Mus. Mais estant sur le gros chemin et au-delà
de la maison de Coudicanne, nous ne peumes plus marcher à cause
du maubais chemin, et fumes contraints de nous en retourner, et cette
grande neige et pluie feut cause de grand débordement des ribières
qui ont fait grands dommages aux terres des embirons et aux ponts, et
même on m'a assuré qu'une galuppe de Came s'est noyée
près de Bayonne et noya vingt personnes, et encore on m'a dit
qu'il s'y est noyé plusieurs autres bateaux et quantité
de personnes.
Le 19 mai 1663, tomba grande
quantité de grêle en plusieurs endroits, savoir à
Labatut, Habas, Misson, Estibaux, Tilh et Arsague, Castel-Sarrasin,
Amou et à Momuy, à Hagetmau et en haut à plusieurs
autres endroits, et encore par delà l'Adou on m'a dit qu'il avait
fait grand mal surtout au grain, et aussi en quelques endroits à
Doazit, et même à noustre bigne de Laboyrie a fait un peu
de mal, grâces à Dieu.
Ceste grêle fut cause que le grain haussa un peu, car le 26 mai
dudit an 1663, mesure de blé valait 29 s. à Saint-Sever,
et alors la barrique de bin balait 25 liv., et pour lors l'argent estait
fort rare ; et le 22 mai 1663,à Mugron, mesure de blé
valait 39 s., mesure de froment 48 s., mesure de millet 30 s. ; et le
2 abril 1663, à Saint-Sever, mesure de blé balait 33 s.
Le monde estait alors fort estonné car il n'y avait point d'argent
ni de grain à prester ni autres marchandises.
Et le matin du 1er avril
1664 il y eut une grande nébade qui avait un
pan de hauteur ; pour lors les raisins commençaient à
paraître aux vignes ; mais Dieu promit qu'il n'y fit point dommage.
haut
de page
Je vous dirai au plus que
durant tout le mois de décembre 1664, il y a une estelle* au
ciel du cousté du midi, laquelle mounstre grands signes, car
elle a devant elle une longue lance qui est fort luisante, tellement
que l'on se craint de quelques grands désordres ; cette estelle
se lève environ la minuit et ne va fort haut Et advenant et estant
au commencement de l'année 1665 ladite estoile n'a plus paru,
mais il a paru une autre estoile qui se lève le soir ; elle ba
beaucoup plus que l'autre et quelques-uns l'appellent la comète.
Ceste estoile a aussi une longue lance qu'elle mêne au derrière
d'elle ; je me crains de quelque grand désordre.
* Cette comète
est désignée par le code C/1664 W1 NDLR
Le 27 de juillet 1665,
(...) O la grande misère de ce paubre pays de Chalosse ! (...)
Hélas ! il n'y a cette année que fort peu de froment à
cause d'une grande sécheresse, car il n'y a point plu depuis
le mois de février. La barrique de bin se bend à présent
10 liv., mesure de froment 32 s., mesure de blé 21 s., mesure
aboine 31 s., le quintal de foin 40 s., le bin ne se bend que 10 liv.
pour le faire brûler.
(...) le dernier d'octobre
1666 (...) Je vous assure que pour lors il fait un
fort maubais temps de pluie, tempêtes et ribières estaient
débourdées.
Je vous dis de plus que en
ce temps en environ la Noël 1666, il a fait de et fâcheuses
tourrades durant environ dix-huit ou vingt jours ; je vous assure que
ce temps a fort incommodé les biux et les mal bestus.
Mais au commencement dudit
juillet 1667, il a grelé casi partout Doazit,
non pas pour lors grand mal, grâces à Dieu.
Mais dans peu de temps après a grelé par deux fois savoir
: le 26 dudit juillet 1667, il a grelé en Doazit et Horsarrieu
et en autres paroisses qui a fait grand mal en plusieurs endroits surtout
à la Barrère et aux environs. Mais encore le plus grand
mal est que le 12 aoust 1667 y tomba tant de grêle à Doazit,
Saint-Cricq, Cerres et Horsarieu, à Dumes, à Coudures
et en Tursan qui en a empourté en plusieurs lieux casi toute
la vendange, et en Doazit plus de la moitié ; et en outre la
grêle, le ban et la grande pluye ont fait plus grand mal que la
grêle, et jamais homme bibant n'abait jamais bu tomber tant d'eau
en si peu de temps, car les ruisseaux sont debenus si grands que personne
n'abait jamais bu ; à L'arresenon (*) et à la Guaougue,
s'y est noyé grande quantité de bétail et même
dans nouste aouga de Péboué s'y nouyèrent deux
cabales qui estaient de Chose ; cet orage a tiré des champs et
bignes tant de terre, que les hommes bibants ne les répareront
jamais. En un mout il est impoussible et incrouyable de dire le grand
dommage fait en Chalosse ; et même à noustre pré
de Larrieu qui est près du Barrouilhet y avait à l'heure
de ce mauvais temps environ de 20 quintals de foin tout sec et accluqué.
Cet ourage et débourdement de ruisseaux en empourta tout ledit
foin, et n'y laissa pas dans ledit pré ni peu ni fort.
Il estait au commencement
de noubembre 1667 (...) Et en ce temps la pluie a duré et continué
si longtemps, que à grande peine on a ensemencé le froment.
Et estant à la Noël dudit an 1667, il y en abait encore
en plusieurs endroits qui n'estait pas encore sourti (...)
haut
de page
Je vous assure, en vérité,
que au commencement de janvier 1670, il tomba si grande
quantité de neige et fit si grande froidure et si grande tourrade
que la plus grande partie des vignes se tourrèrent surtout aux
lieux bas et du cousté de la pente du nord, comme au lamon de
Nerbis, Mugron et Pouyalé et Montaut et au bas de Saint-Aubin,
et même dans le Béarn ; et on dit généralement
partout qu'il n'y avait jamais eu si grande froidure, et on m'a dit
que tout le Tursan est gelé et ailleurs aussi, de sorte qu'en
le pays ne se parle autre chose que du grand dommage que cette grande
gelée a causé aux bignes et mêmes beaucoup de personnes
en sont malades ; grande quantité de figuiers et lauriers sont
morts. Cette grande froidure continua encore le mois de febrier et aussi
tomba grande quantité de neige, de sorte que tout le monde criait
et se plaignait de ceste grande et dommageable
froidure, car il n'y avait jamais eu aucune grêle ni même
aucune guerre qui eut tant fait tant de dommage que cette gelée
a fait, et même à Doazit, il y a trente-neuf ans qu'il
avait fait grande tourrade mais non pas comme à présent.
Mais je vous dis que pour cela le bin n'enchérit pas guères
; car au 20 dudit février 1670, le bin se vendait sur les lieux
à 13 liv. la barrique, mesure de froment 40 s., mesure de blé
26 s., mesure de millet 19 s. Tout cet hyver fut fort froid et beau
sans guères pluie ; mais le monde voyant que les fruits des bignes
estaient perdus, ils firent grande quantité de millouc.
Pagination
des notes concernant les intempéries et autres calamités
naturelles :
Titre
de l'événement mentionné |
page |
Débordement
des rivières |
457 |
Grêle
à Doazit |
459 |
Grande
grêle à Doazit |
id. |
Grand
chaud |
id. |
Longue
pluie |
460 |
Le
grand et gros vent |
id. |
Grand
chaud |
id. |
Grand
chaud en 1649 |
id. |
Desbordement
du Gave le 17 août 1651 |
462 |
Pluie
et faim en Chalosse |
id. |
Grêle
à Momuy, Hagetmau le 11 mai 1653 |
480 |
Débordement
du Gave d'Orthez |
487 |
Grêle
à Doazit et Saint-Cricq en 1654 |
494 |
L'éclipse
de soleil du 12 août 1654 |
496 |
Grêle
à Saint-Cricq |
512 |
Neiges
en 1658 |
514 |
Neiges
en 1658 (suite) |
id. |
Grande
neige |
517 |
Grêles
de mars 1660 |
id. |
Tremblement
de terre |
522 |
Grêle
à Brassempouy, Gaujacq, Castelsarrazin, Donzacq |
523 |
Grêle
à Bergouey le 16 avril 1662 |
527 |
Le
loup |
528 |
Neiges |
529 |
Grêles |
530 |
Neiges
du 1er avril 1664 |
538 |
La
comète |
547 |
Tremblement
de terre du 4 février 1665 |
547 |
Grand
froid à Noël 1666 |
564 |
Desbordement
de Larresenon, Lagouague, bétail noyé et une jument de Chose
s'est noyé au Gua de Péboué |
566 |
Grand
froid de janvier 1670 |
571 |
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